Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/236

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— Monseigneur était né pour être roi ! s’écria Odon Odonovitch.

— En attendant que je le devienne, faites-moi donc le plaisir, monsieur, de m’appeler comme tout le monde Titin-leBastardon. De tout ce que vous m’avez dit et de tout ce que j’ai lu, je ne veux retenir que ceci qui est la vérité éclatante et palpable : je continue à m’appeler Titin et je dispose, grâce à vous, d’une fort honnête somme que nous allons tout de suite dépenser ! Après, on verra bien.

— Ah ! monsieur Titin, reprit le comte si Son Altesse vous entendait, elle s’écrierait : « Voilà bien le fils de mon sang ! » Lui aussi, lé cher prince, il dépense tout ce qui lui passe par les mains.

— Comment fait-il donc pour qu’il lui en reste ? demanda Titin.

— Mais il ne lui en reste zamais, monsiou Titin !… Heureusement qu’il est quasi le maître du royaume, ce qui fait qu’il lui en arrive beaucoup !… c’est à cela, dou reste, entre beaucoup d’autres choses que l’on reconnaît les vrais princes !… Vous êtes un vrai prince, monsiou Titin !

— Non, monsieur le comte !

— Oh ! monsieur Titin ! appelez-moi, zé vous en soupplie : Odon Odonovitch !

— Mes sujets ne se ruineront pas pour moi… C’est moi qui me ruine pour eux !…

— Hardigras ne vous laisse jamais manquer de rien ! fit Odon Odonovitch d’un air fort malicieux.

Titin fronça les sourcils.

— Oh ! ne vous fâchez pas, monsieur Titin ! ce que j’en dis, c’est histoire de rire un peu !…