Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/235

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Le comte lui souriait de toutes ses dents éclatantes et lui tendait un portefeuille :

— Ce n’est là qu’ouné petite partie de la somme que je dois vous remettre, monseigneur, le surplus a été dépensé dans l’installation que je vous ai préparée et que j’ai vouloue magnifique ! Mais vous pouvez dépenser tout : j’ai écrit à Son Altesse que les frais avaient dépassé mes prévisions et j’attends oune autre sommé, beaucoup plous importance, au commencement dou mois proçain.

Titin, qui, sous ses dehors les plus extravagants, avait toujours su garder un certain esprit pratique, ouvrit sans vergogne le portefeuille et compta les billets. Il y avait là vingt-cinq mille francs. L’affaire devenait sérieuse.

Il pria le comte de s’asseoir, ce que l’autre fit en déclarant que c’était un grand « honnour » pour lui que d’avoir le droit de s’asseoir pour la première fois devant le fils de son roi.

— « Fan d’un amuletta », fit Titin, vous me voyez, mon cher monsieur, tout à fait réjoui de ce qui m’arrive ! J’ai toujours eu du goût pour l’opulence, afin de la faire partager aux personnes qui sont près de mon cœur, et si j’ai jamais rêvé d’être fils de roi, c’était dans l’espérance de répandre autour de moi les bienfaits, de faire grande chère, de boire frais avec mes amis, de les prier de ne se soucier de rien et de se reposer sur moi de tous les tracas de la vie, ce jour doit être un grand jour s’il doit réaliser ce vœu que je jugeais impossible !… Nous allons le fêter de suite.