Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/253

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il sortit son portefeuille et fut stupéfait de le trouver vide. Il ne douta point que le comte Valdar ne lui eût emprunté les quinze cents francs qui lui restaient pour mettre à l’épreuve sa fameuse martingale. Il rentra et se fit servir à déjeuner dans sa chambre.

Comme il prenait son café, la sonnerie du téléphone se fit entendre : c’était le comte qui lui présentait toutes ses excuses, avouait l’emprunt et annonçait qu’il serait de retour vers les quatre heures. Une première séance au trente et quarante lui avait donné des preuves palpables de l’excellence de sa méthode. « En attendant l’envoi de Son Altesse, c’est la fin, monseigneur, de tous nos petits ennuis ! » Et Il demandait encore pardon pour la liberté grande qu’il avait prise, par dévouement pour monseigneur.

Titin lui répondit :

— Mon cher Odon, une autre fois, je vous laisserai le portefeuille, je vous éviterai ainsi la peine que vous avez dû ressentir en le vidant de son contenu sans ma permission !

On ne pouvait être plus grand seigneur. Ce fut seulement à dix heures que le comte fit son apparition. Il était un peu pâle, poussa le verrou et se jeta aux genoux de Titin. Il avait tout perdu.

Titin le releva et se contenta, de lui dire :

— Ne parlons plus de cela, mais retenez ceci, comte : Qui joue au loto se ruine au trot !

Odon voulut lui donner des explications, Titin le pria de n’en rien faire.

— Pour quinze cents malheureux francs, ne trouvez-vous pas, comte, que voilà beaucoup d’histoires ?…