Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/27

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Il le pria de s’asseoir et écouta fort attentivement son histoire, qu’il connaissait déjà. Quand M. Supia eut terminé, il lui reprocha d’avoir tardé si longtemps à le venir trouver. Ne devait-il point tout de suite s’adresser à la seule institution qui fût susceptible de le débarrasser d’un pareil fléau ?

— Rentrez chez vous bien tranquillement, lui fit-il, nous interrogerons aujourd’hui même M. Sébastien Morelli et ses hommes et nous vous ferons savoir ce qu’il en est.

À cinq heures, M. Supia reçut un coup de téléphone. C’était M. le commissaire qui le demandait. Il accourut et voici ce qu’on lui dit :

— Nous savons maintenant tout ce qui s’est passé. Hier soir, M. Sébastien Morelli, après avoir placé ses hommes, s’est tenu lui-même immobile sous un comptoir, jusqu’à minuit. À cette heure, las d’une position qui l’ankylosait, il voulut tenter quelque mouvement, mais il trouva derrière lui une corde tendue qui le fit trébucher. Aussitôt, des formes obscures s’étaient ruées sur lui et l’avaient mis dans l’impossibilité de se défendre.

On lui avait noué un bandeau sur les yeux et longtemps il dut marcher, monter, descendre… Finalement, quand on lui rendit la vue, il se trouva dans une vaste pièce tendue d’andrinople ornée de gravures encadrées qui avaient été empruntées à la galerie de tableaux de la « Bella Nissa » ; une table couverte de mets et de bouteilles de champagne en occupait le centre et une dizaine de joyeux convives enveloppés dans des dominos, la figure couverte de ces sortes de masques qui