Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/277

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attendant qu’il réapparaisse dans nos palaces !… Pour tout dire : c’est un garçon bien lancé !…

Une chose aussi qui fut bien lancée et à laquelle Hippothadée (Vladimir) ne s’attendait guère, ce fut la gifle furieusement administrée avec laquelle Toinetta, qui avait laissé aller ce gentilhomme jusqu’au bout de sa phrase en avait ponctué la terminaison.

Ceci se passait après déjeuner, dans le petit salon de la famille Supia, à l’heure des liqueurs et du cigare, devant Mme Supia qui faisait des grâces, sa fille Caroline qui était toute espérance depuis que sa jeune rivale lui abandonnait son prince ! enfin devant notre Toinetta qui paraissait une si petite chose au fond d’un grand fauteuil où elle avait réfugié son accablement.

C’est de ce coin d’ombre qu’avait jailli l’inattendue et foudroyante riposte. M. Supia se trouvait dans son bureau. Il accourut aussitôt, attiré par le bruit et redoutant qu’on ne lui eût endommagé un gage qui lui devenait de jour en jour plus précieux.

Le prince se tenait la joue, pendant que Thélise et Caroline suffoquaient d’indignation et que Toinetta lui en disait de « toutes les couleurs ». Avaï ! il eût été difficile de l’arrêter. Contentons-nous de savoir qu’elle broda dix minutes sans reprendre haleine sur ce thème des plus simples que Titin était le plus honnête homme de la terre et que s’il lui était survenu quelques petits ennuis, c’était parce qu’il avait été trop bon avec un rastaquouère venu du même pays que Vladimir et engagé par celui-ci et par toute la famille Supia pour