Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/281

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petite enfant la Vierge Marie de donner un démenti éclatant à l’infâme Hippothadée. Elle grelottait entre ses dents : « Santa Maria ! santa Maria ! » et elle lui promettait des chapelets, des cierges, des neuvaines, des ex-voto dans la vieille basilique de la Fourca…

Elle leur tournait le dos à tous, leur cachait sa pauvre petite figure ravagée du désespoir d’amour…

Titin arriva.

Il faisait presque nuit. Il se glissa entre les roseaux, poussa la grille et pénétra dans le jardin.

Il était mis comme elle l’avait toujours vu à la Fourca, c’était la même allure. Il avait ce pas tranquille et cet air décidé qu’elle lui avait toujours connus et qui faisaient l’admiration des filles.

Toinetta crut qu’elle allait mourir ; son cœur l’étouffait, elle ouvrait la bouche comme, un petit oiseau qui manque d’air ou qui va rendre le dernier soupir.

Ses doigts s’étaient accrochés à la table, instinctivement, pour ne pas tomber…

Titin avait traversé le jardin. Avant qu’il eût atteint la porte du pavillon celle-ci s’ouvrit et Nathalie, debout sur le seuil, très pâle et souriante, l’accueillit. Il se pencha sur elle pour l’embrasser… La porte fut refermée.

Sur la terrasse, il y eut un tout petit gémissement. Et puis Toinetta bascula. Elle était évanouie.

Hippothadée la souleva dans ses bras :

— Vite, dit-il, à la maison !

Ils l’emportèrent. Maintenant elle était à eux.