Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/295

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— Ah ! bien, fit-il, il y a tout ce qu’il faut pour écrire !

Et brusquement il se retourna vers elle :

— Me diras-tu, à la fin, tout ce que cela veut dire ?

Elle fit un effort et lui tendit le papier qu’elle avait caché dans sa poitrine.

Il le lui arracha et lut.

Il y eut d’abord de l’étonnement dans ses yeux, puis de la colère :

— Qui est-ce qui t’a donné ça ?…

Elle était toujours contre le mur, les membres raidis ; la tête n’avait pas bougé.

— J’ai trouvé le mot hier matin, glissé sous ma porte, à la Fourca !

Il ne reconnaissait plus sa voix, c’était quelque chose de lointain et d’impersonnel qui n’arrêta, du reste, aucunement son attention laquelle allait tout entière au billet qu’il tenait toujours dans la main, sous la clarté de la bougie.

— Giaousé n’était pas à la Fourca ? lui demanda-t-il, la voix de plus en plus rude.

— Non ! Giaousé n’a pas mis les pieds à la Fourca depuis huit jours.

— Où était-il ?

— Tu le sais bien ! Il m’a dit que c’était pour toi qu’il allait à Nice avec la Tulipe.

— Et tu as cru que c’était moi qui te donnais rendez-vous ici ?

— Oui !

— « Assident ti venghe ! » (Puisses-tu avoir un accident ! Malheur sur toi ! )

Elle ne bougea pas.