Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/296

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Maintenant, il froissait la lettre avec rage, tout en riant d’une façon sinistre.

— Et c’est toi qui a commandé tout cela ? Son geste, de loin, balayait la table.

— Non !

— Qui alors ? Qui ? Qui ?

Elle ne répondit pas. Et il s’acharnait à lui demander : Qui ? Qui ? Comme si elle savait quelque chose.

Finalement il fouilla dans son portefeuille et en sortit un papier qu’il lut tout haut :

« Mon cher Titin, tes affaires vont mieux. J’ai vu beaucoup de ces messieurs. Le consul leur a fait parler. Ils veulent bien avoir encore patience d’attendre quelques mois s’il y a quelqu’un qui répond pour toi… et je crois bien l’avoir trouvé, mais il veut le secret pour des raisons qu’il t’expliquera. Sois demain à cinq heures chez le père La Bique. Entre directement dans la maison rose. J’y serai avec le personnage. Pourvu que tout cela s’arrange, mon Dieu !… Je suis las comme un chien d’avoir couru ! Je t’embrasse. Ton Gé. (Diminutif de Giaousé.) »

Titin remit le papier dans son portefeuille, y joignit celui de Hardigras et dit à Nathalie :

— Comprends-tu pourquoi je suis ici, maintenant ?… F… le camp !… Giaousé va venir ! Vas-tu f… le camp maintenant ! N. de D… !

Elle chavira comme Toinetta quelques instants auparavant.

Titin se précipita sur elle. Il l’aurait jetée par la fenêtre, mais il avait une morte entre les mains.

Sa tête glacée avait roulé contre sa joue… et voilà qu’il eut pitié.