Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/298

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— Merci, merci, mon Titin !… Je vais m’en aller ! Je te demande pardon !

— Non ! dit Titin ! Tu t’en iras quand tu seras tout à fait remise…

— Mais il va venir ! On va venir, Titin !

— Eh bien ! on viendra ! Et l’on s’expliquera ! Il faut bien que l’on sache ce que tout cela veut dire !

— Tu ne connais pas Giaousé ! Il file toujours doux devant toi mais il y a des moments où il est terrible !

— Ne crains rien pour toi, c’est tout ce que je puis te dire !…

— Mais pour toi ! Pour toi, mon Titin ! Il faut tout craindre pour toi !…

— Penses-tu ! dit Titin en haussant les épaules.

— Ah ! pauvre de toi ! Tu ne le connais pas ! Et dire que c’est moi qui te préviens, mon Gésu ! Le scandale sera pour toi, oublies-tu que tu veux te marier avec Toinetta, ajouta tristement mais courageusement la brave Nathalie ?

Le Bastardon se dressa, très pâle. Il apercevait tout à coup le gouffre.

— Tu vois bien qu’il faut t’en aller ! continua-t-elle. Fuis !… Tu vas passer par derrière, et je sortirai par la route ! S’ils me voient, tant pis ! Ne t’occupe pas de la pauvre Nathalie !

— Trop tard !

On entendait en effet des pas dans le jardin.

— Mais par la porte de derrière !… par la porte de derrière !…

Et elle voulait l’entraîner.

— Non ! un traquenard pareil ! Leurs précautions sont bien prises. Et je ne veux pas que