Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/305

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— Quant à toi, je t’ai assez vu, déclara Titin au Bolacion. Une fois pour toutes, tiens le toi pour dit : j’aime pas les yeux bordés d’anchois !

— Titin, fit le Bolacion sans relever l’injure, tu m’as toujours mésestimé et sans raison. Je l’ai souvent dit à Giaousé : Si Titin me détestait moins, on pourrait s’entendre. Il n’aurait pas de meilleur ami que moi à Terre-les-Tourettes et dans toute la vallée du Loup !…

— Je ne te déteste pas, riposta Titin… Pour moi t’es moins que la limace ! Lève-toi de devant mes pas, c’est un bon conseil que je te donne !

— Christou ! gronda le Bolacion en fermant les poings, je ne sais pas qui t’a joué le sale tour d’aujourd’hui, mais il est l’ami du Bolacion, celui-là !… En attendant, tout ne sera pas perdu, ici !…

Et sans plus de vergogne, il s’« entabla ». Ceux de Torre et aussi ceux de la Fourca qui avaient abandonné peu à peu la pergola, suivirent ce bel exemple et vidèrent les bouteilles en trinquant à la réconciliation de Titin et de Giaousé.

Titin, lui, était déjà parti. Il était passé chez le père La Bique :

— On boit à ma santé, là-bas ! Je paierai. Tu as confiance ?

— Oui, j’ai confiance… avec une signature pareille !…

Et lui aussi sortit un papier, et Titin sut qui avait commandé ce singulier festin d’amour… Seulement il pâlit en retrouvant encore la signature de Hardigras.