suite de leur sauveur, mais il leur avait été impossible de le rejoindre. Cependant, il ne faisait doute pour personne qu’ils avaient eu affaire à Hardigras lui-même. Quant aux deux bandits, qui avaient été transportés à l’hôpital Saint-Roch dans le plus fâcheux état, ils avaient fait les aveux les plus complets. Ce n’étaient ni plus ni moins que les deux fameux rats d’hôtel dont les sanglants exploits épouvantaient depuis quelques semaines, l’honorable clientèle de nos palaces !
Quelques minutes plus tard, on s’arrachait les grands quotidiens locaux qui venaient de paraître avec des manchettes énormes : « Le drame de la « Bella Nissa » !… Le dernier coup de Hardigras !… »
Ce fut une ruée vers les grands magasins de la vieille ville.
Du haut du balcon de la première galerie, M. Hyacinthe Supia qui, ce matin-là, était vert, assistait à cet assaut. Un nom odieux, cent fois, mille fois répété, montait jusqu’à lui : « Hardigras ! Hardigras ! » Ce populaire n’allait-il pas demander pour le brigand un prix Montyon ? Soudain, tous les visages s’immobilisèrent dans une attitude attentive, puis un éclat de rire homérique, fourni par la foule en délire, remplit le vaste hall et tintinnabula affreusement aux oreilles de M. le directeur.
Il ne douta point que ce fût encore une invention de son infernal ennemi. Lui aussi leva la tête et vit, suspendue au balcon supérieur, une bande de calicot sur laquelle se détachaient en lettres noires cette nouvelle inscription en pur niçard : « Ou maù semena, maù racueglie » (qui mal sème, mal récolte !) sui-