Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/321

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quand je lui vois du chagrin ! Vous-même, mon cher Hippothadée, qui avez quelque affection pour elle, n’avez point voulu qu’elle puisse se douter d’une pareille substitution… et je vous remercie !

Vous faites bien les choses et je sais que vous n’avez pas lésiné sur le prix que le bijoutier vous demandait pour le faire quand il s’est agi pour lui de vous payer le vrai ! C’était d’autant plus méritoire de votre part qu’il s’est montré, lui, assez pingre ! Je ne sais vraiment pas comment vous vous êtes contenté de ses quarante-cinq mille francs ! Un bijou pareil qui en valait au bas mot deux cent cinquante mille !

Je sais bien ce que vous pouvez dire : c’était un prêt et vous restiez maître de retirer le collier dans les quinze jours si vous rapportiez à ce hideux usurier la somme de cinquante-cinq mille francs, mais aussi vous couriez le risque de ne pas les avoir et le collier devenait la propriété du bandit ! Voyez-vous, mon cher prince, vous avez trop de délicatesse pour ne pas vous faire rouler par ces gens-là… Que cette leçon vous serve pour une autre fois ! D’autant que, je vous le répète, vous avez agi comme un enfant ! Commander à ce joaillier qu’il transporte le fermoir authentique sur le faux collier, c’était avouer bien des choses ! Soit que vous voliez votre amie, excusez-moi, soit que vous étiez de connivence avec elle pour induire en erreur le mari qui avait offert le collier !

Je parlais tout à l’heure de votre délicatesse, j’aurais dû dire : « naïveté »… Quand on m’a raconté la chose, je vous assure que