Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/320

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pas le droit d’acheter ! Ça aurait pu aller loin, cette affaire-là, vous savez !

Cependant, s’il ne s’était agi que de cette affaire, qui est maintenant réglée, j’aurais été moins exigeant sur la somme que vous devez laisser chaque mois à ma caisse pour que je puisse, sans trop souffrir, rentrer dans mon fonds. Mais il y a autre chose !…

— Quoi donc encore ? haleta le prince.

— Eh bien, mais… et le collier ?

— Le collier ? Quel collier ? interrogea le prince en pâlissant.

— Eh ! vous savez bien ! Le collier de Mme Supia ! Vous avouerez que cela, c’est plus grave, d’autant qu’elles étaient magnifiques, les perles de Mme Supia ! Je les avais choisies moi-même, une à une, avec un soin et j’ose dire, un amour qui redoublait à chaque fête, à chaque anniversaire ! Avec quel plaisir cette chère Thélise le voyait s’allonger, et moi avec quel orgueil je le lui voyais porter ! C’était une véritable fortune qu’elle avait là ! Il était célèbre, le collier de Mme Supia !

— Mais elle l’a toujours ! fit le prince d’une voix étranglée.

— Comme vous êtes peu connaisseur, mon cher Hippothadée ! Le collier que Mme Supia porte aujourd’hui n’est qu’une réplique du vrai. Je ne disconviens point du reste que l’ouvrage soit de premier ordre. Le faux imite si bien le vrai que cette chère Thélise elle-même ne se doute pas un instant de cette curieuse supercherie ! D’autant que le fermoir est bien le même, ce qui ajoute à l’illusion et ce dont je me félicite, du reste, car j’aime beaucoup Mme Supia et je suis au désespoir