Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/323

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Soudain, celui-ci sortit de son anéantissement et redonna un coup de poing sur la table.

— N… de D… ! vous êtes fort… C’est vous qui avez fait l’affaire !… C’est vous qui m’avez prêté par l’entremise du joaillier les quarante-cinq mille francs ! C’est moi qui en paye maintenant deux cents cinquante mille et c’est vous qui avez le collier !…

— Mon cher prince, vous n’êtes point dénué d’une certaine imagination ! ricana le « boïa »… mais je n’ai pas à vous mettre dans le secret de mes affaires ! Je vous en ai déjà beaucoup dit !… Voici encore une question réglée !… Maintenant, qu’allons-nous faire du collier ?

Là, le prince se ressaisit :

— Si vous êtes juste, monsieur Supia, vous avouerez qu’il y a une innocente dans tout ceci : c’est Mme Supia. Aussi conviendrait-il de lui rendre ce collier sans qu’elle se doutât davantage de son retour qu’elle n’a soupçonné son départ ! J’en fais mon affaire. Et ce faisant vous agirez en galant homme !

— Mon cher Hippothadée, je vous ai bien dit que nous finirions par nous entendre. J’allais vous prier de nous rendre ce petit service, d’autant que je ne crains plus maintenant que vous le reportiez chez le bijoutier, puisque vous savez, par expérience, ce que cette opération vous coûte ! Cependant, si vous teniez absolument à la renouveler…

— Non ! j’ai compris ! J’ai cru m’enrichir en épousant votre pupille et je me suis ruiné !…

— On n’est jamais ruiné, répondit le « boïa », quand on a les capitaux que vous avez dans la « Bella Nissa ».