Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/325

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— On essaiera ! Alors je prends le collier ?

— Oui… et vous allez le porter tout de suite, vous entendez, à Thélise.

— Mais elle est avec sa fille à la Fourca !… Et je ne puis laisser ma jeune femme seule !… Elle m’attend !…

— Non, elle ne vous attend pas !… Et quant à rester seule, elle ne demande que cela !… Tout le monde sait qu’elle vous a déjà mis à la porte de sa chambre, le soir des noces !

— Tout le monde sait cela !

— Dame !… Il n’est question que de cette petite aventure de Nice à Monte-Carlo !… et c’est un peu de votre faute, avouez-le ! Pourquoi avoir raconté la chose à votre excellente amie, la comtesse d’Azila !…

— Hélas ! mon cher monsieur Supia, c’était pour la tranquilliser !

— Eh bien ! maintenant elle est tranquille, je vous assure, et elle en fait des gorges chaudes avec toutes ces dames patronnesses qui vous attendent pour vous féliciter !… Partez pour la Fourca, mon ami !…

Disant cela, M. Supia avait refermé l’écrin et le glissait dans la poche d’Hippothadée.

— Dois-je vous rapporter le faux ? demanda celui-ci, tout à fait désemparé.

— Mais non ! mon cher !… le faux qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ? Il vous appartient… Il est sur la note !… Portez-le chez le bijoutier, le faux, si cela vous amuse, histoire de voir ce qu’il vous prêtera dessus !…

Et M. Supia poussait tout doucement le prince hors de son bureau.

Hippothadée se laissa faire, assez mélancolique. Il réfléchissait que c’était la première