Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/355

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Le prince avait pris Caroline dans ses bras, l’avait soulevée, mais tout était déjà fini. La déposition de M. Supia ne laissait aucun doute à cet égard.

Quant à la Cioasa, elle n’avait rien entendu et avait été prévenue par Hippothadée qui, en sortant de la Patentaine pour aller quérir le maire, avait frappé à la fenêtre en lui disant de se rendre à la villa tout de suite, qu’un grand malheur était arrivé.

Enfin on n’avait plus revu le livreur Castel ; il fut établi, dès le lendemain matin, que, épouvanté par ce qu’il avait vu et redoutant que les énergumènes qui avaient brûlé sa voiture ne vinssent mettre le feu à la Patentaine, il s’était enfui jusqu’à un village voisin, la Costa, où il avait couché chez Jean-José Scaliero.

On imagine facilement tout le bruit qui se fit autour de cette affaire qui n’en était malheureusement qu’à son début, car elle ne faisait qu’inaugurer, si l’on peut dire, la série des catastrophes qui rendirent, quelques mois, si tristement célèbre une contrée jusqu’alors considérée comme un petit paradis sur la terre.

À Nice, l’émotion fut immense. Comme à la Fourca, il n’entrait dans la pensée de quiconque qui avait connu et fréquenté le Bastardon qu’il fût coupable d’un pareil crime. Lors de l’enterrement de Caroline, qui fut suivi par toute la ville, on aperçut, pour la première fois depuis le jour de ses noces, Toinetta. De cette exquise fleur de Provence, naguère fraîche comme bouton de rose, il ne restait plus que la tige chétive.

Au cimetière, sur la pauvre enfant qu’on allait enterrer, elle redit très haut : « Ce n’est