Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/357

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l’avait enlevée et Titin qui l’avait ramenée. À toutes les questions, elle répliqua que si elle avait quelque chose à dire elle le dirait en cour d’assises !

Alors, l’opinion générale, qui ne voulait point encore lâcher le Bastardon, fut qu’un misérable avait tout simplement imité l’écriture de Titin pour couvrir son propre forfait. À quoi les trois experts répondirent encore qu’il n’y avait aucune différence entre l’écriture des premiers manifestes de Hardigras, des premières lettres reçues par M. Supia et de la dernière que celui-ci avait trouvée dans son courrier le soir du crime, pas plus, du reste, qu’avec celle de la carte reçue par le père La Bique, lors du rendez-vous avec Nathalie ! Le fait que Titin, lors de ce rendez-vous, avait remporté avec lui le mot de Hardigras adressé directement à Nathalie ne plaidait point non plus en sa faveur. Enfin la disparition de la femme du Babazouk laissait à penser qu’ils avaient désormais lié leur sort l’un à l’autre, ce dont on se servit naturellement pour essayer de faire parler Toinetta, laquelle souffrait affreusement et n’en resta pas moins muette.

On ne savait plus désormais que penser. Si Titin n’était pas mort, pourquoi ne réapparaissait-il pas pour répondre à toutes ces accusations ?

La mère Bibi portait le deuil. Tous le portaient dans le cœur. Mais le coup le plus terrible fut porté à ceux qui conservaient leur foi au Bastardon par ces mêmes Souques et Ordinal qui se « piffraient » de leur revanche. Ils en étaient comme ivres. Le jour où ils mirent