Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/36

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gras nous a rendu un fameux service cette nuit !

Cet accueil trop désinvolte déplut souverainement à M. Supia.

— À vous, peut-être ! grogna-t-il en s’asseyant, mais en ce qui me concerne, je constate que Hardigras tient surtout à rester seul à me voler ! C’est un privilège qu’il ne veut partager avec personne.

Et il jeta sur sa table la bande de calicot sur laquelle Hardigras avait donné une explication si parfaitement cynique de son acte d’héroïsme…

M. Bezaudin haussa les épaules… Tout cela n’est pas bien grave, fit-il, et ne saurait vous faire oublier qu’il a empêché votre maison de brûler et qu’il vient de sauver la vie de ces deux messieurs…

Ici, M. Ordinal redressa la tête et interrompit tout net M. Bezaudin.

— Pardon, monsieur le commissaire, exprima t-il d’une petite voix sèche et assez désagréable, ce n’est pas la première fois que notre vie se trouve menacée, à M. Souques et à moi ! Mais je vous prie de croire que nous n’avons jamais eu besoin d’un voleur de profession pour nous sortir d’un mauvais pas !…

— J’en suis persuadé, répliqua le commissaire bon enfant… Tout de même, vous ne sauriez nier, M. Souques et vous, qu’après ce qui s’est passé cette nuit, vous ne deviez à Hardigras quelque reconnaissance !

— Et de quoi donc, monsieur le commissaire ? reprit plus sèchement encore M. Ordinal… Peut-être de ce qu’il nous a privés, grâce à cet incident, de la joie professionnelle