jours de Pégomas, dont le souvenir était effacé.
Ce fut alors que le bon maire Arthus, de Torre-les-Tourettes, que ces calamités faisaient gémir, vint à la Fourca accompagné de tout son conseil municipal et des principaux de sa cité et de quarante jeunes gars au moins parmi lesquels on voyait le Bolacion, les deux Barraja (François et Paul) et Sixte Pastorelli.
Quand ceux de la Fourca virent arriver toute cette troupe, ils s’appelèrent de maison à maison, de cabanon à cabanon, comme si la ville était menacée d’assaut, mais déjà toute l’armée ennemie s’était arrêtée d’elle-même devant la rue Basse, sous la statue de Sainte-Hélène qui restait honteusement à la porte de la cité, dans ses voiles de deuil, et l’on vit s’avancer tout seul le bon Arthus.
Dès que l’on aperçut sa digne figure atteinte par les malheurs du temps, tous comprirent qu’ils ne pouvaient attendre de cet homme que des paroles de paix et de sagesse. Il demanda à parler au maire. Le Petou accourait déjà pour se mettre à la tête de son troupeau en danger, mais au noble geste d’Arthus, il répondit lui aussi en lui tendant la main.
Un grand silence régnait dans les deux camps. Arthus, d’une voix dont la sonorité sympathique connaissait le chemin des cœurs, déclara qu’ils venaient en frères, et que ceux de la Torre-les-Tourettes demandaient à être reçus par ceux de la Fourca dans les mêmes sentiments qu’ils se présentaient eux-mêmes, c’est-à-dire sans mauvaise colère et sans rancune, enfin qu’ils avaient foi en eux et qu’ils