Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/366

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avait été brusque et qu’il ne pouvait donner aucun signalement.

Cela aurait dû être une leçon également pour la vieille Bruno, mais la bonne femme avait un défaut qui devait la perdre. Elle était curieuse. Elle voulut voir. Elle ouvrit sa fenêtre avec précaution, mais au même instant un coup de fusil partit, elle fut atteinte à la tête et s’écroula.

On ne se rendit compte de cela que le lendemain matin, car, un coup de fusil, ça ne fait pas ouvrir les volets non plus ! On la trouva morte auprès de la fenêtre. Au-dessous d’elle, pendu à la barre d’appui, un écriteau : Hardigras !

Alors, on se rappela qu’elle s’était, à plusieurs reprises, exprimée bien imprudemment sur le compte de Hardigras. La Boccia était la seule personne à laquelle la Cioasa, qu’elle avait soignée autrefois, adressât encore la parole. Le dimanche précédent, la Boccia, qui était allée à la messe justement avec la « Manchotte », s’était arrêtée avec cette dernière sur le parvis de Sainte-Hélène pour échanger quelques paroles avec la Cioasa qui en sortait. Au lieu de parler de la pluie et du beau temps, il avait été question de Hardigras et la Manchotte avait dit son mot elle aussi. Elle parlait même assez haut comme pour défier ceux qui n’étaient point de son avis. Ce petit colloque, comme on vient de le voir, devait avoir ses suites.