Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/378

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Et elle ajouta, en joignant les mains, comme une prière :

— Si, en parlant ainsi, je lui fais du mal que Dieu et Titin me pardonnent !

— Quand vous êtes revenue chez vos parents, madame, vos sentiments n’étaient plus les mêmes… Il y avait quelque chose de changé !

— Oui, monsieur le président, il y avait quelque chose de changé !… Nous nous aimions depuis longtemps, mais nous ne nous l’étions jamais dit. Moi, j’attendais qu’il parle, mais il était trop délicat… Enfin, ce jour-là, nous avons pleuré dans les bras l’un de l’autre : cela valait toutes les paroles du monde ! Il pouvait faire de moi ce qu’il voulait ! J’étais sa chose, Monsieur le président, il m’a embrassée comme on embrasse sa fiancée, c’est vrai, et il m’a ramenée. Et l’on voudrait que ce garçon ait, pour se venger de qui, de quoi ? je vous le demande, commis cette chose sans nom, quand il n’y avait que moi de coupable ! Ah ! c’est trop stupide et vous ne le croyez pas ! J’en appelle à tous ceux qui ont approché Titin !… Non, personne ici ne le croit, pas même ceux qui l’accusent !…

Et ce disant, ayant soudain retrouvé une force qui lui mettait du sang aux pommettes et une flamme sombre dans les yeux, elle fixait terriblement Supia et Hippothadée qui courbaient la tête.

Un tonnerre d’applaudissements partit du fond de la salle et quand le tumulte se fut apaisé, on entendit Pistafun qui lui disait :

— Bravo, Toinetta ! Tu parles de cœur ! Mais ce n’est pas de crainte ! Avaï ! Je te le dis, moi, il n’est pas mort, notre Titin ! S’il