Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/54

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à Mlle Antoinette que je l’attends dans mon bureau !…

Deux minutes plus tard, la porte du bureau s’ouvrit et cette même jeune fille que nous avons vue déjà apparaître, dans un moment où M. Supia n’était guère moins maussade, montra son sourire éclatant, ses yeux de pervenche, ses joues rondes, son petit nez retroussé, son front de lumière dans le cadre doré d’une chevelure rebelle à tous les peignes et à tous les rubans de la « Bella Nissa ».

— Bonjour, parrain ! Comment allez-vous ce matin ?

— Mal ! répondit sans aucune grâce M. Supia. Ah ! ça, mais qu’est-ce que c’est que cette robe-là ? On ne t’a pas dit que le prince déjeunait avec nous, ce matin ?

— Je vais vous dire, parrain !… Ma tante a téléphoné à votre prince.

— Et qu’a-t-il répondu, le prince ?

— Il aurait répondu à ma tante qu’il lui était impossible de venir aujourd’hui.

— C’est bon ! Il viendra tout de même !… Va changer de robe… et arrange-moi tes cheveux. Compris ?…

— Mais puisqu’il a téléphoné à ma tante !…

— Ta tante ne sait ce qu’elle dit !…

— Oui, parrain !

— Je lui avais dit de t’emmener avec Caroline sur la Promenade des Anglais ! Pourquoi es-tu restée ici ?

— Je ne sais pas moi, parrain ! Ma tante et ma cousine n’avaient sans doute pas besoin de moi !… Elles s’en passent très bien, vous savez !…

— C’est de ta faute !… Tu te tiens si mal !…