Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/68

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vous comprenez bien qu’en se mariant, le prince Hippothadée va avoir des frais !… Enfin, j’ai des dettes…

— Je m’en doutais !…

— Si je me marie… il faut que je rembourse cette admirable femme qu’est la comtesse de Domingo d’Azila qui, depuis cinq ans, m’avance de quoi vivre… ou alors nous allons à un scandale épouvantable !…

— Il n’y aura pas de scandale, attendu que rien ne sera changé à vos vieilles habitudes avec cette honorable dame… Vous continuerez à la fréquenter autant qu’il vous plaira !… Antoinette prétend qu’elle vous aimera davantage de loin que de près !… Elle partira pour la campagne et vous laissera à la ville ! Mme Domingo d’Azila n’aura jamais été aussi heureuse, car vous lui coûterez moins cher !…

Hippothadée se leva, le rouge au front :

— Monsieur Supia, pour qui me prenez-vous ?…

— Je ne vous prends pas ! Je vous achète !…

— Pas cher, en tout cas !…

— Vous trouvez ! Je vous assure cent cinquante mille francs !…

— Je vous ferai savoir, monsieur, à qui vous parlez !… Il me faut, en me mariant, un million !…

— Mon devoir de tuteur s’y oppose !… Cent cinquante mille francs par an, ou rien !…

— Et je passerai à la caisse tous les mois… Vous me faites l’aumône, monsieur Supia !… Si encore, dans la corbeille de noces…

— Plus un mot, ou je croirai que vous n’aimez pas ma filleule et alors je serai contraint à me demander ce que peut venir faire chez