Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/92

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cieux que sa nature le lui permettait. Il essayait même de sourire à Titin qui ne s’en apercevait guère, ne le regardant point.

— Mon cher Titin, commença M. Supia, je vous ai fait venir…

Mais l’autre l’interrompit tout de suite :

— Il n’y a pas de « cher Titin »… On m’a dit que c’était de la part de Mlle Antoinette… J’attends Mlle Antoinette…

— Je regrette bien qu’elle soit sortie, exprima sur un ton paterne le directeur de la « Bella Nissa », mais vous aurez certainement l’occasion de la voir demain matin. Je sais qu’elle tiendra à vous remercier elle-même du service que vous aurez bien voulu nous rendre… Mais veuillez donc vous asseoir, mon cher Titin !…

— Je ne suis pas votre cher Titin. Veuillez donc m’appeler M. Titin ! À part cela, je vous écoute…

Et le Bastardon s’assit, de plus en plus renfrogné, les mains dans les poches, et évitant autant que possible de regarder M. Supia dont la physionomie lui répugnait davantage, au fur et à mesure qu’elle se faisait plus aimable.

— Monsieur Titin, commença M. Supia, j’ai des excuses à vous faire. Je me suis trompé sur votre compte ! Je ne me pardonnerai jamais de n’avoir pas deviné l’homme de valeur qui est en vous !… Je sais toute l’importance que vous avez su prendre dans notre ville et les services que vous avez rendus à la cause publique par votre ascendant sur la classe la plus intéressante de notre population, par votre entregent, votre intelligence, votre initiative !…