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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

ches du palais de justice de Versailles, jusque dans le prétoire. Un service d’ordre extraordinaire avait été commandé. L’innombrable foule qui ne put pénétrer dans le palais resta jusqu’au soir aux alentours du monument, maintenue difficilement par la troupe et la police, avide de nouvelles, accueillant les rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit circula qu’on venait d’arrêter, en pleine audience, M. Stangerson lui-même, qui s’était avoué l’assassin de sa fille… C’était de la folie. L’énervement était à son comble. Et l’on attendait toujours Rouletabille. Des gens prétendaient le connaître et le reconnaître ; et, quand un jeune homme, muni d’un laissez-passer, traversait la place libre qui séparait la foule du palais de justice, des bousculades se produisaient. On s’écrasait. On criait : « Rouletabille ! Voici Rouletabille ! » Des témoins, qui ressemblaient plus ou moins vaguement au portrait publié par l’Époque, furent aussi acclamés. L’arrivée du directeur de l’Époque fut encore le signal de quelques manifestations. Les uns applaudirent, les autres sifflèrent. Il y avait beaucoup de femmes dans la foule.

Dans la salle des assises, le procès se déroulait sous la présidence de M. de Rocoux, un magistrat imbu de tous les préjugés des gens de robe, mais foncièrement honnête. On avait fait l’appel des témoins. J’en étais naturellement, ainsi que tous