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OÙ JOSEPH ROULETABILLE

En tête de l’article, on avait mis le portrait de Rouletabille.

Les Parisiens qui se rendirent ce jour-là à Versailles pour le procès dit du « Mystère de la Chambre Jaune », n’ont certainement pas oublié l’incroyable cohue qui se bousculait à la gare Saint-Lazare. On ne trouvait plus de place dans les trains et l’on dut improviser des convois supplémentaires. L’article de l’Époque avait bouleversé tout le monde, excité toutes les curiosités, poussé jusqu’à l’exaspération la passion des discussions. Des coups de poings furent échangés entre les partisans de Joseph Rouletabille et les fanatiques de Frédéric Larsan, car, chose bizarre, la fièvre de ces gens venait moins de ce qu’on allait peut-être condamner un innocent que de l’intérêt qu’ils portaient à leur propre compréhension du « mystère de la Chambre Jaune ». Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux qui expliquaient le crime comme Frédéric Larsan n’admettaient point qu’on pût mettre en doute la perspicacité de ce policier populaire ; et tous les autres, qui avaient une explication autre que celle de Frédéric Larsan, prétendaient naturellement qu’elle devait être celle de Joseph Rouletabille qu’ils ne connaissaient pas encore. Le numéro de l’Époque à la main, les « Larsan » et les « Rouletabille » se disputèrent, se chamaillèrent jusque sur les mar-