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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

Darzac, je vis un visage décomposé, un front en sueur, des yeux d’effroi.

« – Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va peut-être vous paraître insensée, mais en échange de quoi « je donnerais ma vie » : il ne faut pas parler devant les magistrats de ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l’Élysée… ni devant les magistrats, ni devant personne au monde. Je vous jure que je suis innocent et je sais, et je sens, que vous me croyez, mais j’aimerais mieux passer pour coupable que de voir les soupçons de la justice s’égarer sur cette phrase : « Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. » Il faut que la justice ignore cette phrase. Toute cette affaire vous appartient, monsieur, je vous la donne, mais oubliez la soirée de l’Élysée. Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-là qui vous conduiront à la découverte du criminel ; je vous les ouvrirai, je vous aiderai. Voulez-vous vous installer ici ? Parler ici en maître ? Manger, dormir ici ? Surveiller mes actes et les actes de tous ? Vous serez au Glandier comme si vous en étiez le maître, monsieur, mais oubliez la soirée de l’Élysée. »

Rouletabille, ici, s’arrêta pour souffler un peu. Je comprenais maintenant l’attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-à-vis de mon ami, et la facilité avec laquelle celui-ci avait pu s’installer sur les lieux du crime. Tout ce que je venais d’apprendre ne pouvait qu’exciter ma curiosité. Je de-