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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

l’extrémité de ce bout de galerie sur laquelle donnent nos chambres, à Frédéric Larsan et à moi, galerie que j’appellerai « galerie tournante » pour la distinguer de la « galerie droite », sur laquelle donne l’appartement de Mlle  Stangerson. Ces deux galeries se croisent à angle droit. Qui donc a laissé cette fenêtre ouverte, ou qui vient de l’ouvrir ? Je vais à la fenêtre ; je me penche au dehors. À un mètre environ sous cette fenêtre, il y a une terrasse qui sert de toit à une petite pièce en encorbellement qui se trouve au rez-de-chaussée. On peut, au besoin, sauter de la fenêtre sur la terrasse, et de là, se laisser glisser dans la cour d’honneur du château. Mais pourquoi m’imaginer cette scène de gymnastique nocturne ? À cause d’une fenêtre ouverte ? Il n’y a peut-être là que la négligence d’un domestique. Je referme la fenêtre. Tout dort dans le château. Je marche avec des précautions infinies sur le tapis de la galerie. Arrivé au coin de la galerie droite, j’avance la tête et y jette un prudent regard. Dans cette galerie, une autre lampe à réflecteur donne une lumière éclairant parfaitement les quelques objets qui s’y trouvent, trois fauteuils et quelques tableaux pendus aux murs. Qu’est-ce que je fais là ? Jamais le château n’a été aussi calme. Quel est cet instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle  Stangerson ? Pourquoi cette voix qui crie au fond de mon être : « Va jusqu’à la chambre de Mlle  Stangerson ! » Je baisse les yeux sur le tapis que je foule et « je vois que mes pas vers la chambre de