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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

« Pour moi, ce soir, il n’y a pas encore eu crime », car rien n’expliquerait le silence du boudoir ! Dans le boudoir, deux gardes-malades sont installées pour passer la nuit, jusqu’à la complète guérison de Mlle  Stangerson.

Puisque je suis à peu près sûr que l’assassin est là, pourquoi ne pas donner l’éveil tout de suite ? L’assassin se sauvera peut-être, mais peut-être aurai-je sauvé Mlle  Stangerson ? « Et si, par hasard, l’assassin, ce soir, n’était pas un assassin » ? La porte a été ouverte pour lui livrer passage : par qui ? – et a été refermée : par qui ? Il est entré, cette nuit, dans cette chambre dont la porte était certainement fermée à clef à l’intérieur, « car Mlle  Stangerson, tous les soirs, s’enferme avec ses gardes dans son appartement ». Qui a tourné cette clef de la chambre pour laisser entrer l’assassin ? Les gardes ? Deux domestiques fidèles, la vieille femme de chambre et sa fille Sylvie ? C’est bien improbable. Du reste, elles couchent dans le boudoir, « et Mlle  Stangerson, très inquiète, très prudente, m’a dit Robert Darzac, veille elle-même à sa sûreté depuis qu’elle est assez bien portante pour faire quelques pas dans son appartement » dont je ne l’ai pas encore vue sortir. Cette inquiétude et cette prudence soudaines chez Mlle  Stangerson, qui avaient frappé M. Darzac, m’avaient également laissé à réfléchir. Lors du crime de la « Chambre Jaune », il ne fait point de doute que la malheureuse attendait l’assassin. L’attendait-