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AU FOND DE LA CHÊNAIE

rieusement, et M. Robert Darzac ne parut nullement étonné…

Nous passions alors devant le donjon et nous entendîmes des gémissements. Rouletabille demanda : « Pourquoi a-t-on arrêté ces gens-là ?

– C’est un peu de ma faute, dit M. Darzac. J’ai fait remarquer hier au juge d’instruction qu’il est inexplicable que les concierges aient eu le temps d’entendre les coups de revolver, « de s’habiller », de parcourir l’espace assez grand qui sépare leur loge du pavillon, tout cela en deux minutes ; car il ne s’est pas écoulé plus de deux minutes entre les coups de revolver et le moment où ils ont été rencontrés par le père Jacques.

– Évidemment, c’est louche, acquiesça Rouletabille… Et ils étaient habillés… ?

– Voilà ce qui est incroyable… ils étaient habillés… « entièrement », solidement et chaudement… Il ne manquait aucune pièce à leur costume. La femme était en sabots, mais l’homme avait « ses souliers lacés ». Or, ils ont déclaré s’être couchés comme tous les soirs à neuf heures. En arrivant, ce matin, le juge d’instruction, qui s’était muni, à Paris, d’un revolver de même calibre que celui du crime (car il ne veut pas toucher au revolver-pièce à conviction), a fait tirer deux coups de revolver par son greffier dans la « Chambre Jaune » fenêtre et porte fermées. Nous étions avec lui dans la loge des concierges ; nous n’avons rien entendu… on ne peut rien entendre.