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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/108

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

nétrait dans le bureau de notre directeur et lui disait : « Je pars en voyage. Combien de temps serai-je parti, je ne pourrai vous le dire ; peut-être un mois, deux mois, trois mois… peut-être ne reviendrai-je jamais… Voici une lettre… Si je ne suis pas revenu le jour où M. Darzac comparaîtra devant les assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d’assises, après le défilé des témoins. Entendez-vous pour cela avec l’avocat de M. Robert Darzac. M. Robert Darzac est innocent. «  Dans cette lettre il y a le nom de l’assassin, » et, je ne dirai point : les preuves, car, les preuves, je vais les chercher, mais l’ « explication irréfutable de sa culpabilité. » Et notre rédacteur partit. Nous sommes restés longtemps sans nouvelles, mais un inconnu est venu trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire : « Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, «  si la chose devient nécessaire. » Il y a la vérité dans cette lettre. » Cet homme n’a point voulu nous dire son nom.

« Aujourd’hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises ; Joseph Rouletabille n’est pas de retour ; peut-être ne le reverrons-nous jamais. La presse, elle aussi, compte ses héros, victimes du devoir : le devoir professionnel, le premier de tous les devoirs. Peut-être, à cette heure, y a-t-il succombé ! Nous saurons le venger. Notre directeur, cet après-midi, sera à la cour d’assises de Versailles, avec la lettre : « La lettre qui contient le nom de l’assassin ! »