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OÙ JOSEPH ROULETABILLE

avocat ne parvint qu’à convaincre tout à fait ceux qui connaissaient M. Darzac, mais les autres restèrent hésitants. Il y eut une suspension d’audience, puis le défilé des témoins commença et Rouletabille n’arrivait toujours point. Chaque fois qu’une porte s’ouvrait, tous les yeux allaient à cette porte, puis se reportaient sur le directeur de l’Époque qui restait impassible, à sa place. On le vit enfin qui fouillait dans sa poche et qui « en tirait une lettre ». Une grosse rumeur suivit ce geste.

Mon intention n’est point de retracer ici tous les incidents de ce procès. J’ai assez longuement rappelé toutes les étapes de l’affaire pour ne point imposer aux lecteurs le défilé nouveau des événements entourés de leur mystère. J’ai hâte d’arriver au moment vraiment dramatique de cette journée inoubliable. Il survint, comme Me Henri-Robert posait quelques questions au père Mathieu, qui, à la barre des témoins, se défendait, entre ses deux gendarmes, d’avoir assassiné « l’homme vert ». Sa femme fut appelée et confrontée avec lui. Elle avoua, en éclatant en sanglots, qu’elle avait été « l’amie » du garde, que son mari s’en était douté ; mais elle affirma encore que celui-ci n’était pour rien dans l’assassinat de « son ami ». Me Henri-Robert demanda alors à la cour de bien vouloir entendre immédiatement, sur ce point, Frédéric Larsan.

« Dans une courte conversation que je viens d’avoir avec Frédéric Larsan, pendant la suspension d’audience, déclara l’avocat, celui-ci m’a fait