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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

produite. Au moment où les jurés prirent place, on remarqua qu’ils avaient eu l’air de s’intéresser beaucoup à un rapide entretien que Me Henri-Robert avait eu avec le directeur de l’Époque. Celui-ci s’en fut ensuite prendre place au premier rang de public assis. Quelques-uns s’étonnèrent qu’il ne suivît point les témoins dans la salle qui leur était réservée.

La lecture de l’acte d’accusation s’accomplit comme presque toujours, sans incident. Je ne relaterai pas ici le long interrogatoire que subit M. Darzac. Il répondit à la fois de la façon la plus naturelle et la plus mystérieuse. « Tout ce qu’il pouvait dire » parut naturel, tout ce qu’il tut parut terrible pour lui, même aux yeux de ceux qui « sentaient » son innocence. Son silence sur les points que nous connaissons se dressa contre lui et il semblait bien que ce silence dût fatalement l’écraser. Il résista aux objurgations du président des assises et du ministère public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance, équivalait à la mort.

« C’est bien, dit-il, je la subirai donc ; mais je suis innocent ! »

Avec cette habileté prodigieuse qui a fait sa renommée, et profitant de l’incident, Me Henri-Robert essaya de grandir le caractère de son client, par le fait même de son silence, en faisant allusion à des devoirs moraux que seules des âmes héroïques sont susceptibles de s’imposer. L’éminent