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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/120

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

bille, je ne vois point d’inconvénient à ce que le témoin nous dise tout de suite le nom de « son » assassin ! »

On eût entendu voler une mouche.

Rouletabille se taisait, regardant avec sympathie M. Robert Darzac, qui, lui, pour la première fois, depuis le commencement du débat, montrait un visage agité et plein d’angoisse.

« Eh bien, répéta le président, on vous écoute, monsieur Joseph Rouletabille. Nous attendons le nom de l’assassin. »

Rouletabille fouilla tranquillement dans la poche de son gousset, en tira un énorme oignon, y regarda l’heure, et dit :

« Monsieur le président, je ne pourrai vous dire le nom de l’assassin qu’à six heures et demie ! Nous avons encore quatre bonnes heures devant nous ! »

La salle fit entendre des murmures étonnés et désappointés. Quelques avocats dirent à haute voix : « Il se moque de nous ! »

Le président avait l’air enchanté ; Mes Henri-Robert et André Hesse étaient ennuyés.

Le président dit :

« Cette plaisanterie a assez duré. Vous pouvez vous retirer, monsieur, dans la salle des témoins. Je vous garde à notre disposition. »

Rouletabille protesta :

« Je vous affirme, monsieur le président, s’écria-t-il de sa voix aiguë et claironnante, je vous affirme