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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/144

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

déjà ? Tout simplement parce que le phénomène du doublement du personnage ne s’était pas passé sous mes yeux. Avec qui, des quatre personnes enfermées dans le cercle, l’assassin a-t-il pu se doubler sans que je l’aperçoive ? Certainement pas avec les personnes qui me sont apparues à un moment, « dédoublées de l’assassin ». Ainsi ai-je vu, « en même temps », dans la galerie, M. Stangerson et l’assassin, le père Jacques et l’assassin, moi et l’assassin. L’assassin ne saurait donc être ni M. Stangerson, ni le père Jacques, ni moi ! Et puis, si c’était moi l’assassin, je le saurais bien, n’est-ce pas, m’sieur le président ?… Avais-je vu, en même temps, Frédéric Larsan et l’assassin ? Non !… non !… Il s’était passé « deux secondes » pendant lesquelles j’avais perdu de vue l’assassin, car celui-ci était arrivé, comme je l’ai du reste noté dans mes papiers, « deux secondes » avant M. Stangerson, le père Jacques et moi, au carrefour des deux galeries. Cela avait suffi à Larsan pour enfiler la galerie tournante, enlever sa fausse barbe d’un tour de main, se retourner et se heurter à nous, comme s’il poursuivait l’assassin !… Ballmeyer en a fait bien d’autres ! et vous pensez bien que ce n’était qu’un jeu pour lui de se grimer de telle sorte qu’il apparût tantôt avec sa barbe rouge à Mlle Stangerson, tantôt à un employé de poste avec un collier de barbe châtain qui le faisait ressembler à M. Darzac, dont il avait juré la perte ! Oui, le bon bout de ma raison me rappro-