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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

le droit de tuer l’assassin de Mlle  Stangerson ? Non !… Mais qu’il m’en donne seulement l’occasion. Histoire de voir s’il est bien réellement en chair et en os ! Histoire de voir son cadavre, puisqu’on ne peut saisir son corps vivant !

Ah ! comment faire comprendre à cette femme, qui ne nous regarde même pas, qui est toute à son effroi et à la douleur de son père, que je suis capable de tout pour la sauver… Oui… oui… je recommencerai à prendre ma raison par le bon bout, et j’accomplirai des prodiges…

Je m’avance vers elle… je veux parler, je veux la supplier d’avoir confiance en moi… je voudrais lui faire entendre par quelques mots, compris d’elle seule et de moi, que je sais comment son assassin est sorti de la « Chambre Jaune », que j’ai deviné la moitié de son secret… et que je la plains, elle, de tout mon cœur… Mais déjà son geste nous prie de la laisser seule, exprime la lassitude, le besoin de repos immédiat… M. Stangerson nous demande de regagner nos chambres, nous remercie, nous renvoie… Frédéric Larsan et moi saluons, et suivis du père Jacques, nous regagnons la galerie. J’entends Frédéric Larsan qui murmure : « Bizarre ! Bizarre !… » Il me fait signe d’entrer dans sa chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le père Jacques. Il lui demande :

« Vous l’avez bien vu, vous ?

– Qui ?

– L’homme.