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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/174

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

tais sur un ton qui eût dû vous stupéfier : « Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan ? Voilà ! Voilà ! Voilà !… »

« Ces « Voilà ! » eussent dû vous donner à réfléchir ; il y avait tout mon soupçon dans ces « Voilà ! » Et que signifiait : « égare-t-elle réellement ? » sinon qu’elle pouvait ne pas l’égarer, lui, mais qu’elle était destinée à nous égarer, nous ! Je vous regardais à ce moment et vous n’avez pas tressailli, vous n’avez pas compris… J’en ai été enchanté, car, jusqu’à la découverte du binocle, je ne pouvais considérer le crime de Larsan que comme une absurde hypothèse… Mais, après la découverte du binocle qui m’expliquait le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson… voyez ma joie, mes transports… Oh ! je me souviens très bien ! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous criais : « Je roulerai le grand Fred ! je le roulerai d’une façon retentissante ! » Ces paroles s’adressaient alors au bandit. Et, le soir même, quand, chargé par M. Darzac de surveiller la chambre de Mlle Stangerson, je me bornai jusqu’à dix heures du soir à dîner avec Larsan sans prendre aucune mesure autre, « tranquille parce qu’il était là », en face de moi ! à ce moment encore, cher ami, vous auriez pu soupçonner que c’était seulement cet homme-là que je redoutais… Et quand je vous disais, au moment où nous parlions de l’arrivée prochaine de l’assassin : « Oh ! je suis bien sûr que Frédéric Larsan sera là cette nuit !… »