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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

primitive. Il y a beaucoup de traces de pas qui sont identiques, et c’est tout juste s’il faut leur demander une première indication qu’on ne saurait, en aucun cas, considérer comme une preuve.

Quoi qu’il en soit, dans le grand désarroi de mon esprit, je m’en étais donc allé dans la cour d’honneur et m’étais penché sur les traces, sur toutes les traces qui étaient là, leur demandant cette première indication dont j’avais tant besoin pour m’accrocher à quelque chose de « raisonnable », à quelque chose qui me permît de « raisonner » sur les événements de la « galerie inexplicable ». Comment raisonner ? Comment raisonner ?

… Ah ! raisonner par le bon bout ! je m’assieds, désespéré, sur une pierre de la cour d’honneur déserte… Qu’est-ce que je fais, depuis plus d’une heure, sinon la plus basse besogne du plus ordinaire policier… Je vais quérir l’erreur comme le premier inspecteur venu, sur la trace de quelques pas « qui me feront dire ce qu’ils voudront », « qui me feront penser comme ils voudront » !

Je me trouve plus abject, plus bas dans l’échelle des intelligences que ces agents de la Sûreté imaginés par les romanciers modernes, agents qui ont acquis leur méthode dans la lecture des romans d’Edgar Poe ou de Conan Doyle. Ah ! agents littéraires… qui bâtissez des montagnes de stupidité avec un pas sur le sable, avec le dessin d’une main