Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
ROULETABILLE A DESSINÉ

sur un mur ! — À toi, Frédéric Larsan, à toi, l’agent littéraire !… Tu as trop lu Conan Doyle, mon vieux !… Sherlock Holmes te fera faire des bêtises, des bêtises de raisonnement plus énormes que celles qu’on lit dans les livres… Elles te feront arrêter un innocent… Avec ta méthode à la Conan Doyle, tu as su convaincre le juge d’instruction, le chef de la Sûreté… tout le monde… Tu attends une dernière preuve… une dernière !… Dis donc une première, malheureux !… « Tout ce que vous offrent les sens ne saurait être une preuve… » Moi aussi, je me suis penché sur « les traces sensibles », mais pour leur demander uniquement d’entrer dans le cercle qu’avait dessiné ma raison. Ah ! bien des fois, le cercle fut si étroit, si étroit… Mais si étroit était-il, il était immense, « puisqu’il ne contenait que de la vérité » !… Oui, oui, je le jure, les traces sensibles n’ont jamais été que mes servantes… elles n’ont point été mes maîtresses… Elles n’ont point fait de moi cette chose monstrueuse, plus terrible qu’un homme sans yeux : un homme qui voit mal ! Et voilà pourquoi je triompherai de ton erreur et de ta cogitation animale, ô Frédéric Larsan !

Eh quoi ! eh quoi ! parce que, pour la première fois, cette nuit, dans la « galerie inexplicable », il s’est produit un événement qui « semble » ne point rentrer dans le cercle tracé par ma raison, voilà que je divague, voilà que je me penche, le nez