Aller au contenu

Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
LE CADAVRE INCROYABLE

était tout étourdi et roula contre la muraille. Moi, j’étais déjà dans la galerie, le revolver au poing, courant comme un fou du côté de la chambre de Mlle Stangerson. Au moment même où j’arrivais à l’intersection de la galerie tournante et de la galerie droite, je vis un individu qui s’échappait de l’appartement de Mlle Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le palier.

Je ne fus pas maître de mon geste : je tirai… le coup de revolver retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant ; mais l’homme, continuant ses bonds insensés, dégringolait déjà l’escalier. Je courus derrière lui, en criant : « Arrête ! arrête ! ou je te tue !… » Comme je me précipitais à mon tour dans l’escalier, je vis en face de moi, arrivant du fond de la galerie, aile gauche du château, Arthur Rance qui hurlait : « Qu’y a-t-il ?… Qu’y a-t-il ?… » Nous arrivâmes presque en même temps au bas de l’escalier, Arthur Rance et moi ; la fenêtre du vestibule était ouverte ; nous vîmes distinctement la forme de l’homme qui fuyait ; instinctivement, nous déchargeâmes nos revolvers dans sa direction ; l’homme n’était pas à plus de dix mètres devant nous ; il trébucha et nous crûmes qu’il allait tomber ; déjà nous sautions par la fenêtre ; mais l’homme se reprit à courir avec une vigueur nouvelle ; j’étais en chaussettes, l’Américain était pieds nus ; nous ne pouvions espérer l’atteindre « si nos revolvers ne l’atteignaient pas ! » Nous tirâmes nos dernières cartouches sur lui ; il fuyait toujours…