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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/76

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

Le père Jacques courut aux cuisines et en revint avec une lanterne. Il se pencha sur le visage de « l’ombre morte », et nous reconnûmes le garde, celui que le patron de l’auberge du « Donjon » appelait « l’homme vert » et que, une heure auparavant, j’avais vu sortir de la chambre d’Arthur Rance, chargé d’un ballot. Mais ce que j’avais vu, je ne pouvais le rapporter qu’à Rouletabille seul, ce que je fis du reste quelques instants plus tard.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je ne saurais passer sous silence l’immense stupéfaction – je dirai même le cruel désappointement – dont firent preuve Joseph Rouletabille et Frédéric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le vestibule. Ils tâtaient le cadavre… ils regardaient cette figure morte, ce costume vert du garde… et ils répétaient, l’un et l’autre : « Impossible !… c’est impossible ! »

Rouletabille s’écria même :

« C’est à jeter sa tête aux chiens ! »

Le père Jacques montrait une douleur stupide accompagnée de lamentations ridicules. Il affirmait qu’on s’était trompé et que le garde ne pouvait être l’assassin de sa maîtresse. Nous dûmes le faire taire. On aurait assassiné son fils qu’il n’eût point gémi davantage, et j’expliquai cette exagération de bons sentiments par la peur dont il devait être hanté que l’on crût qu’il se réjouissait de ce décès dramatique ; chacun savait, en effet, que le père Jacques détestait le garde. Je constatai que