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LE CADAVRE INCROYABLE

nait d’ouvrir la fenêtre de sa chambre et nous criait, comme avait crié Arthur Rance : « Qu’y a-t-il ?… Qu’y a-t-il ?… »

Et nous, nous étions penchés sur l’ombre, sur la mystérieuse ombre morte de l’assassin. Rouletabille, tout à fait réveillé maintenant, nous rejoignit dans le moment, et je lui criai :

« Il est mort ! Il est mort !…

– Tant mieux, fit-il… Apportez-le dans le vestibule du château…

Mais il se reprit :

« Non ! non ! Déposons-le dans la chambre du garde… »

Rouletabille frappa à la porte de la chambre du garde… Personne ne répondit de l’intérieur… ce qui ne m’étonna point, naturellement.

« Évidemment, il n’est pas là, fit le reporter, sans quoi il serait déjà sorti !… Portons donc ce corps dans le vestibule… »

Depuis que nous étions arrivés sur « l’ombre morte », la nuit s’était faite si noire, par suite du passage d’un gros nuage sur la lune, que nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en distinguer les lignes. Et cependant, nos yeux avaient hâte de savoir ! Le père Jacques, qui arrivait, nous aida à transporter le cadavre jusque dans le vestibule du château. Là, nous le déposâmes sur la première marche de l’escalier. J’avais senti, sur mes mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui coulait des blessures…