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LA DOUBLE PISTE

menant autour du château, deux sortes de pas distinctes dont les empreintes avaient été faites cette nuit en même temps, côte à côte. Je dis : « en même temps » ; et, en vérité, il ne pouvait guère en être autrement, car, si l’une de ces empreintes était venue après l’autre, suivant le même chemin, elle eût souvent « empiété sur l’autre », ce qui n’arrivait jamais. Les pas de celui-ci ne marchaient point sur les pas de celui-là. Non, c’étaient des pas « qui semblaient causer entre eux ». Cette double empreinte quittait toutes les autres empreintes, vers le milieu de la cour d’honneur, pour sortir de cette cour et se diriger vers la chênaie. Je quittais la cour d’honneur, les yeux fixés vers ma piste, quand je fus rejoint par Frédéric Larsan. Immédiatement, il s’intéressa beaucoup à mon travail, car cette double empreinte méritait vraiment qu’on s’y attachât. On retrouvait là la double empreinte des pas de l’affaire de la « Chambre Jaune » ; les pas grossiers et les pas élégants ; mais, tandis que, lors de l’affaire de la « Chambre Jaune », les pas grossiers ne faisaient que joindre au bord de l’étang les pas élégants, pour disparaître ensuite – dont nous avions conclu, Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au même individu qui n’avait fait que changer de chaussures – ici, pas grossiers et pas élégants voyageaient de compagnie. Une pareille constatation était bien faite pour me troubler dans mes certitudes antérieures. Larsan semblait penser