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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/83

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LA DOUBLE PISTE

« Arrivés dans la cour d’honneur, nous nous sommes séparés ; mais nous nous sommes rencontrés à nouveau devant la porte de la chambre du père Jacques. Nous avons trouvé le vieux serviteur au lit et constaté tout de suite que les effets qu’il avait jetés sur une chaise étaient dans un état lamentable, et que ses chaussures, des souliers tout à fait pareils à ceux que nous connaissions, étaient extraordinairement boueux. Ce n’était certainement point en aidant à transporter le cadavre du garde, du bout de cour au vestibule, et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le père Jacques avait arrangé de la sorte ses chaussures et trempé ses habits, puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant ce moment-là et il avait plu après.

« Quant à la figure du bonhomme, elle n’était pas belle à voir.

« Ses yeux clignotants nous regardèrent, dès l’abord, avec effroi.

« Nous l’avons interrogé. Il nous a répondu d’abord qu’il s’était couché immédiatement après l’arrivée au château du médecin que le maître d’hôtel était allé quérir ; mais nous l’avons si bien poussé, nous lui avons si bien prouvé qu’il mentait, qu’il a fini par nous avouer qu’il était, en effet, sorti du château. Nous lui en avons, naturellement, demandé la raison ; il nous a répondu qu’il s’était senti mal à la tête, et qu’il avait eu besoin de prendre l’air, mais qu’il n’était pas allé