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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/88

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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

garde, creusa encore l’abîme moral où nous vîmes disparaître cette belle intelligence.

M. Robert Darzac arriva au château vers neuf heures et demie. Je le vis accourir à travers le parc, les cheveux et les habits en désordre, crotté, boueux, dans un état lamentable. Son visage était d’une pâleur mortelle. Rouletabille et moi, nous étions accoudés à une fenêtre de la galerie. Il nous aperçut ; il poussa vers nous un cri désespéré :

« J’arrive trop tard !… »

Rouletabille lui cria :

« Elle vit !… »

Une minute après, M. Darzac entrait dans la chambre de Mlle Stangerson, et, à travers la porte, nous entendîmes ses sanglots.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Fatalité ! gémissait à côté de moi, Rouletabille. Quels Dieux infernaux veillent donc sur le malheur de cette famille ! Si l’on ne m’avait pas endormi, j’aurais sauvé Mlle Stangerson de l’homme, et je l’aurais rendu muet pour toujours… « et le garde ne serait pas mort ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

M. Darzac vint nous retrouver. Il était tout en larmes. Rouletabille lui raconta tout : et comment il avait tout préparé pour leur salut, à Mlle Stangerson et à lui ; et comment il y serait parvenu en éloignant l’homme pour toujours « après avoir vu sa figure » ; et comment son plan s’était effondré dans le sang, à cause du narcotique.