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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/89

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ROULETABILLE CONNAÎT…

« Ah ! si vous aviez eu réellement confiance en moi, fit tout bas le jeune homme, si vous aviez dit à Mlle Stangerson d’avoir confiance en moi !… Mais ici chacun se défie de tous… la fille se défie du père… et la fiancée se défie du fiancé… Pendant que vous me disiez de tout faire pour empêcher l’arrivée de l’assassin, « elle préparait tout pour se faire assassiner !… » Et je suis arrivé trop tard… à demi endormi… me traînant presque, dans cette chambre où la vue de la malheureuse, baignant dans son sang, me réveilla tout à fait… »

Sur la demande de M. Darzac, Rouletabille raconta la scène. S’appuyant aux murs pour ne pas tomber, pendant que, dans le vestibule et dans la cour d’honneur, nous poursuivions l’assassin, il s’était dirigé vers la chambre de la victime… Les portes de l’antichambre sont ouvertes ; il entre ; Mlle Stangerson gît, inanimée, à moitié renversée sur le bureau, les yeux clos ; son peignoir est rouge du sang qui coule à flots de sa poitrine. Il semble à Rouletabille, encore sous l’influence du narcotique, qu’il se promène dans quelque affreux cauchemar. Automatiquement, il revient dans la galerie, ouvre une fenêtre, nous clame le crime, nous ordonne de tuer, et retourne dans la chambre. Aussitôt, il traverse le boudoir désert, entre dans le salon dont la porte est restée entrouverte, secoue M. Stangerson sur le canapé où il s’est étendu et le réveille comme je l’ai réveillé, lui, tout à l’heure… M. Stangerson se dresse avec des yeux hagards,