Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

108
LES ÉTRANGES NOCES

presque tout le temps, et qu’après avoir regagné mes billets, j’en ai gagné d’autres que j’ai fait, cette fois, signer à Vladimir… Je lui en ai fait signer pour cent mille francs… Cent mille francs de billets, c’est quelque chose, même quand ils sont signés par Vladimir Pétrovitch de Kiew.

— Je doute, dit Rouletabille, qu’ils aient produit sur Vladimir le même effet que sur toi. N’est-ce pas, Vladimir ?

— Eh ! monsieur, je suis d’une famille fort honorable, répondit Vladimir, et si ces billets ne venaient point me troubler la nuit, ils me donnaient une mine fort renfrognée pendant le jour.

— Je ne m’en suis jamais aperçu, dit Rouletabille.

— Parce que c’est un garçon bien élevé, répliqua La Candeur, et qu’il sait dissimuler devant toi, Mais quand il était seul avec moi, c’était incroyable la mine qu’il me faisait. Encore tout à l’heure, je l’ai vu si triste que je lui ai dit : « Rends-moi la serviette, je te rendrai tes cent mille francs ! » Il m’a allongé la serviette, je lui ai passé ses billets… et maintenant voyez comme il est gai ! J’aime les gens gais, moi !… Je les aime d’autant plus qu’ils deviennent plus rares dans ce satané pays de misère ! Ainsi, toi, par exemple, toi, Rouletabille, qui étais si gai autrefois !…

Rouletabille coupa aussitôt la parole à l’indiscret La Candeur.

— Tu n’as pas besoin d’être si fier, dit-il, parce que tu as acheté une serviette avec cent mille francs