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LES ÉTRANGES NOCES

camarades pourront te dire comme moi qu’ils ont vu son grand corps défunt traîné plusieurs fois sur la place avant que d’être emporté par les Bulgares !…

— Eh bien ! monsieur, c’est peut-être ce traînage-là qui l’a ressuscité, car, je le répète, dans la matinée d’hier j’ai rencontré M. Athanase avec sa petite escorte, sur la route du Sud, semblant se diriger du côté de Lüle-Bourgas…

— Que tu aies rencontré Athanase, la chose est possible, fit Rouletabille, de plus en plus oppressé… mais il ne s’agit pas d’Athanase, qui est vivant. Nous parlons de Kara-Selim qui est mort.

— J’y arrive avec M. Athanase. Un de nos cavaliers habilement interrogé par votre serviteur m’apprit qu’il vous cherchait partout, vous et Mlle Vilitchkov ! j’aurais pu lui donner quelques renseignements utiles, quand je m’aperçus que les soldats traînaient derrière eux, attaché sur le dos d’un cheval, un grand corps tout noir et taché de sang dont la vue me fit pousser un grand eri, car j’avais reconnu Kara-Selim !…

— Mais il était mort ! s’écria encore Rouletabille.

— Non ! monsieur ! Il était vivant !

Rouletabille bondit sur le moine.

— Es-tu sûr de ce que tu dis là ?

— Si sûr, monsieur, que je lui ai parlé et qu’il m’a répondu !…

— Ah ! fais bien attention à ce que tu nous dis ! gronda Rouletabille en secouant Priski qu’il avait