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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/258

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LES ÉTRANGES NOCES

— Tu cours après lui et tu lui prêtes un cheval pour se sauver !…

Mais Rouletabille ne l’écoutait plus. Il avait fait signe à Vladimir et déjà ils filaient à toute allure sur l’une des routes qui vont d’Haïjarboli à Tchorlou…

Devant Tchorlou, ils durent s’arrêter ; ils n’avaient pas vu Gaulow ; ils étaient arrivés près de la ligne du chemin de fer abandonnée sur un point qui était l’aboutissement de trois routes et ils allaient se heurter aux avant-postes turcs dont ils entendaient le « Qui vive ! » dans la nuit qui commençait à se peupler de mille ombres… Du côté de Saraï, un projecteur fouillait les ténèbres… C’était là, entre Bunarhissar, Lüle-Bourgas, Saraï et Tchorlou, dans ce vaste quadrilatère silencieux, que se préparait le choc formidable où, dans une bataille de quatre jours, allait se décider le sort de la Turquie d’Europe…

Rouletabille et Vladimir étaient descendus de cheval et s’étaient dissimulés derrière une haie d’où ils pouvaient surveiller la route.

— Si La Candeur ne l’a pas rencontré, disait Rouletabille, Gaulow s’est sauvé une fois de plus !… Tout de même il peut se vanter d’avoir de la chance !

— Sûr ! exprima Vladimir, il doit être aussi « épaté » que moi de se voir délivrer par nous.

— Écoutez, Vladimir, il y a des choses que je ne puis vous expliquer, mais au moins il faut que vous