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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/306

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LES ÉTRANGES NOCES

et qu’il n’a plus la force de conserver son équilibre dans l’élément liquide qui l’enserre… Il pousse, en s’y accrochant, la porte de marbre vert… Oh ! miracle ! derrière cette porte… une autre est ouverte… et une autre… et une autre encore !… Sur cette partie du mur, les plaques de marbre n’ont pas été refermées… Le maître, dans sa fuite épouvantée, n’en a sans doute pas eu le temps… et il est possible que les autres murs, que les autres plaques renferment elles aussi des millions !… des millions !…

Rouletabille revit, dans son imagination en désordre, cette scène suprême où Abdul-Hamid, sentant sa dernière heure de souveraineté venue et peut-être sa mort prochaine, a voulu revoir, une dernière fois avant de partir et peut-être de mourir, toutes ces richesses accumulées depuis tant d’années… Une dernière fois, il a voulu s’en repaître la vue puisqu’il ne pouvait les emporter et il est descendu une dernière fois par le couloir de Durdané et la vasque immense du jardin d’hiver dans la chambre des trésors !… Et il a ouvert les portes de marbre vert… mais il n’a pas eu le temps de les refermer toutes…

Il n’a pas eu le temps de les refermer toutes… Talonné par la peur… il s’est enfui !… il est remonté juste à temps pour noyer derrière lui tous ses joyaux et tous ses millions… car ce n’est pas seulement des bijoux qui se trouvent là, entassés, mais de l’or ! de l’or !… Des monceaux de pièces d’or !… De quoi acheter toutes les consciences et payer tous